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« Baba Merzoug », le redoutable canon de la baie d’Alger

Un mythe, une légende ou une réalité ?

dimanche 6 février 2011, , article écrit par A. Nedjar, Sétif Info et publié par La rédaction


Des jeunes cinéphiles que nous fûmes, qui n’a encore en mémoire le souvenir de l’histoire du film des ces redoutables « canons de Navarone » des forces armées Allemandes ?Nichés sur sommet d’une colline imprenable, à l’embouchure de la mer Égée, ils tenaient tête aux armées alliées. Leurs destructions en 1943 par un commando alpiniste permit de sauver des milliers de soldats Britanniques bloqués .

L’autre « Grosse Bertha », ce terrifiant canon de compagne Allemand de la première guerre mondiale dont le souvenir tonne encore dans l’esprit de nombreux habitants de certaines régions françaises , avait provoqué des ravages dans les rangs de leurs armées . Mais, que sait-on de ce mythique et légendaire « Baba Merzoug » ? Ce redoutable canon, installé sur les remparts de l’amirauté d’El Djazaïr pour sa défense et celle de sa baie, sema la terreur dans toutes les flottes ennemies qui osaient s’aventurer de près sur la rade d’Alger.

A 1830, « Baba Merzoug »fût considéré comme étant le canon le plus puissant au monde. Il tenait le rôle de leader, à coté d’autres pièces d’artillerie de la défense de la baie d’Alger faisant face tous ensemble à toutes tentatives d’incursions ennemies par les voies maritimes.

« Baba Merzoug » était là .Il veillait à dissuader toutes velléités belliqueuses et repoussait les nombreuses tentatives d’incursions des armadas, escadres et flottes ennemies qui tentaient de s’emparer ou de se saisir de cette puissante place forte , tant redoutée que représentait El Djazaïr dans tout le bassin méditerranéen .

« Baba Merzoug » fait de bronze ,métal très rare à l’époque ; ne pesait pas moins de 12 tonnes. Sa puissance de feu était phénoménale et terrifiante .Il tenait en respect et à distance les plus téméraires des flottes ennemies qui osaient s’approcher de la rade et du port d’Alger.
Fabriqué en 1542 ; ce canon ou cette pièce d’artillerie est considérée à ce jour comme étant l’arme lourde la plus puissante au monde .Sa longueur de 7 m n’a jamais été égalée à depuis.

A titre de comparaison , la « Grosse Bertha », le nom français de la très grosse pièce de canon terrestre de l’armée allemande que nous avons évoqué ne dépassait pas les 5 m (chambre de tir)

A l’issue de la conquête d’Alger, les nombreux canons de la défense d’El Djazaïr et de son l’amirauté connurent différentes infortunes. Certains ont été fondus et coulés pour en tirer entre autres la statue équestre du duc d’Orléans , 24 autres garnissent à ce jour le musée des armées de la place des Invalides à Paris .Quand à « Baba Merzoug » , baptisé depuis pour porter le nom de : "La Consulaire",il trône toujours dans une place de l’arsenal maritime de Brest dans l’Ouest de la France .

L’amiral Charles Bazoche (1784-1853), qui avait pris part à l’expédition contre la ville Alger en 1830, avait eu la charge de le transférer en France avec des caisses qui constituaient le trésor de la Régence d’Alger.

Nullement érodé par le poids des années « Baba Merzoug » n’aspire sans doute qu’à revenir chez lui.
Pour la réalisation de ce projet, un homme lutte depuis de nombreuses années. En, historien avisé et averti ,spécialiste de l’histoire de l’Algérie et de la Casbah, Monsieur Belkacem Babaci se démène pour faire aboutir cette revendication pour le rapatriement ce joyau du patrimoine historique national afin de le voir un jour orner une de ses places naturelles à Alger.

Monsieur Babaci nous révèle en outre qu’au musée de l’artillerie, toujours en France, il en existe un autre modèle de canon algérien à 9 bouches (sorties) qui pourrait être l’ancêtre des fameux Katiouchas ou "Orgues de Staline". Ce canon fondu tout au début de 18 ème siècle traduit toute la vitalité créative de l’industrie de l’armement en Algérie avant la longue nuit coloniale.

« Baba Merzoug », n’est ni un mythe, ni une légende .C’était une réalité qui avait donné des cauchemars aux commandants et amiraux des flottes ennemies qui osaient s’aventurer de plus près de la rade ou du port d’Alger.
D’ailleurs, comme tout le monde le sait, Alger surnommée "Mahroussa" ne fût prise qu’à revers avec un débarquement réalisé le 5 Juillet 1830 loin à Sidi Fredj. Le débarquement du corps expéditionnaire français avait pour objectif militaire d’ éviter d’être confronté au feu du redoutable « Baba Merzoug ».

Ci dessus."Baba Merzoug" débaptisé "La consulaire" ornant une place maritime à Brest


A. Nedjar, Sétif Info

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