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Sétif : un patrimoine de 2 millions d’années unique et menacé

mardi 14 mars 2006, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


Le deuxième séminaire de la conférence permanente de l’audiovisuel des pays de la Méditerranée consacré à la « protection et conservation du patrimoine culturel de Sétif », a clos ses travaux samedi dernier par la présentation d’un projet radiophonique de 12 mn et d’un autre télévisuel de 30 mn. Si, pour la réalisation du reportage radio présenté par Jean-Paul Lugini, l’œuvre est présentée comme « l’ambassadeur de Sétif dans le monde », le projet audiovisuel est, lui, un riche documentaire préparé durant cinq jours par des journalistes, cameramen, techniciens, archéologues issus de 14 pays répartis en 10 équipes de travail. Les sites de Sétif, Djemila, Aïn Lahneche ont été évoqués sous un aspect de « patrimoine unique qui pourrait s’effacer », si l’on se réfère à la parole de Mme la ministre de la Culture, lors de son discours inaugural des travaux du séminaire culturel et archéologique, le 5 mars dernier.
Le gisement de Aïn Lahneche, à 27 km de Sétif, recèle un patrimoine d’une valeur inestimable, datant de 2 millions d’années. Ce site a été présenté comme « un précieux héritage », témoin de la préhistoire. Les images du documentaire donnent à voir une importance archéologique unique qui marque la première présence humaine en Afrique du Nord et dans le monde. Des révélations saisissantes qui auront marqué les travaux des équipes de professionnels face aux traces des premiers hommes inventeurs de l’écriture punique.
Plus loin, le site d’Ikdjan, à Beni Aziz à 60 km de Sétif, marque la présence d’un centre de la doctrine chiite ismaïlite à l’époque des Fatimides au Maghreb central. Il s’agit là d’un site spirituel du monde entier, un lieu historique pour tous les pays arabes du Maroc au Yémen, explique le documentaire. Une collection de céramiques et de poteries fatimides a été découverte sur le site. Ces objets reflètent l’existence d’une civilisation islamique. Les fouilles archéologiques durant l’époque coloniale ont fait ressortir une première couche relevant de la civilisation islamique, une deuxième couche de la civilisation antique et une troisième de l’ère préromaine, note-t-on.
Un autre site, Djemila, du nom romain Cuicul, à quelque 27 km au nord-est de Sétif, a 19 siècles d’existence. La ville qui a été fondée en 96 et 98 de notre ère, a gardé encore érigés ses arcades et ses remparts. Elle est présentée comme l’une des capitales romaines de la Méditerranée. Aux alentours, une population rurale est installée, elle vit de l’artisanat. Les jeunes artistes interviewés témoignent de leur attachement à la terre de leurs ancêtres et de leur contribution à sa préservation. Cependant, les recherches ont fait apparaître qu’une infime partie des vestiges a été révélée alors que la grande partie de l’histoire de la ville reste enfouie. Ailleurs, l’équipe des spécialistes de l’audiovisuel des pays de la Méditerranée a eu à se déplacer à Kherrata, au nord de Sétif, à la recherche de l’histoire de la région. Il s’agit là de rapporter l’histoire coloniale et d’enregistrer des témoignages vivants de personnages ayant vécu les « massacres du 8 Mai^45 ».
Les caméras ont eu à filmer les chutes d’eau de Chabet El Akhra et les ravins sauvages, théâtre des événements sanglants historiques.
Le court métrage de 30 mn qui constitue l’œuvre collective des spécialistes de l’audiovisuel de 14 nationalités différentes, en raison de son « fait civilisationnel », a constitué « un chantier ouvert sur l’histoire », si l’on se réfère au discours d’ouverture de Mme la ministre de la Culture qui lançait un appel aux participants au séminaire à « interpeller l’histoire pour la présenter aux générations futures ».


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

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