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Nous étions lycéens (Partie 6)

mercredi 2 octobre 2013, , article écrit par Toufik Gasmi et publié par La rédaction


Les fournitures que l’on devait avoir

Le cartable en cuir qu’on gardait du CP au CM2, les cahiers d’écriture, d’exercices, de calcul et de leçons que l’on couvrait avec des protèges- cahiers de différentes couleurs définies par le maitre, des livres pour la lecture, les buvards, la gomme, le crayon noir, les crayons de couleurs, le porte plume et les plumes rangées dans un plumier en bois.

La récréation

Parmi les moments agréables, il y a ceux de la récréation, laquelle est annoncée par le son de la cloche. Les écoliers se précipitaient pour quitter la salle : étaient en classe avec nous beaucoup d’élèves français ou juifs :C’étaient nos camarades, et on s’entendait très bien ; la plupart d’entre eux prenaient le gouter qu’ils apportaient , et nous ,nous les plus démunis, l’on se contentait du morceau de galette, quelques glands ou des dattes sèches et ce, avant de prendre part aux jeux : jeux de billes , jeux de toupie ,les filles sautaient à la corde ou jouaient à la marelle.
Nous revoyons nos maitres et maitresses au milieu de la cour en discussion, tout en nous surveillant discrètement.
Quand il pleuvait ou neigeait, les élèves se rassemblaient sous le préau couvert de la cour. Et lorsque l’on rentrait en classe pour la seconde fois de la journée, c’était toujours dans un ordre, alignés devant la porte de la classe. On nous a également appris que lorsque le chef d’établissement, un collègue ou l’inspecteur entrait ou sortait de la classe, il fallait se lever : c’était une marque de politesse.

Les récompenses :

Des ‘’bons points’’, petits bouts de carton sont donnés à chaque bonne participation ou devoir bien fait : après dix ‘’bons points’’ obtenus, il fallait les redonner au maitre qui nous gratifiait soit d’un livret de contes, soit d’une belle image.
Mais les livres de fables et d’histoire étaient les mieux appréciés et là, ce sont généralement les meilleurs élèves, en fin d’année qui les recevaient.
Et les punitions ? Qui n’a pas été obligé de recopier 100 fois ‘’je ne dois pas parler en classe’’ ? Qui n’a pas reçu au moins les 5 coups de règle sur les doigts pour n’avoir pas fait un devoir, ou s’être bagarré dans la cour ?
Notre école avait également cette tradition annuelle qui consistait en la prise de photo de classe que tous les élèves achetaient. Aujourd’hui, nous sommes heureux de les montrer à nos enfants et petits enfants.
Sacrée école ! On ne t’oubliera jamais.

« A l’occasion d’un court séjour dans ma ville, en passant par la porte de Biskra, prés de l’école laïque, je mesurais combien le passé m’était cher et, spontanément j’ai su ce que veut dire nostalgie : je rentrais, le cœur battant, dans cette école qui m’a vu lorsque j’étais un mioche de 6 ans.
Les gardiens de l’établissement sachant l’objet de ma visite, se montraient courtois et très discrets .Ils m’ont laissé seul avec mes souvenirs d’enfance. Je revoyais ainsi les endroits qui m’ont vu courir, jouer, chanter, les classes aérées fréquentées, le bureau du directeur, les sanitaires, les robinets à faible écoulement et même les arbres. Comme par magie, des noms et visages de certains camarades sont vite sortis de ma mémoire. Le nom de mon institutrice, celle qui a marqué des générations, a surgi le premier : Mme Macias.
Je pense que chacun et chacune de nous ont quelque part dans leur mémoire, le nom, le visage de ceux ou celles qui les ont marqués dans leur enfance et …pour la vie. Je ne crois pas me tromper. Où que vous soyez, maitres, maitresses, vous étiez et resterez dans notre cœur jusqu’au crépuscule de notre vie. Vous nous avez tant donnés, tant appris, tant éduqués.
Je ressortais donc après cette longue ou brève visite, je ne sais, essuyant quelques larmes. Cette portion de ma vie est restée dans mon esprit comme la plus belle .Oui l’émotion était trop forte ! Qui aurait pu résister ?

C’étaient des larmes de bonheur et d’amertume.

De bonheur parce que j’ai pu remonter le temps de cette enfance heureuse, insouciante, malgré notre milieu social précaire d’alors. Nous étions également créatifs, car on inventait des jeux qui nous prenaient beaucoup de notre temps libre.
D’amertume, parce que je n’ai pas reconnu mon école : mes classes, jadis décorées et propres, ne le sont plus ; les vitres cassées ne sont pas remplacées, les sanitaires dans un autre état ; même le murier qui ombrageait la cour a perdu de sa splendeur, l’estrade a disparu mais elle est remplacée par un socle en béton, et que dire de la cloche qui annonçait le début et la fin de la récréation, elle a, elle aussi disparu. Elle est peut être à …Rome.
Triste sort .En mon for intérieur et puis à haute voix, je me révoltais pour cette tragédie. Des dizaines de ‘’pourquoi’ que j’ai posés comme question ont trouvé la réponse : haine du pays, haine du savoir, négligence, incompétence, bêtise Humaine.
J’ai le choix de l’interprétation ».

A SUIVRE


Toufik Gasmi

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