Lorsque, de mes périples algérois, je revenais à Sétif, j’aimais bien revoir Ameyar, un doux rêveur dont certains soupçonnaient la raison vacillante au fil du temps ; avec de beaux restes de lucidité et de mémoire cependant. Il me subjuguait du haut de son verbe jamais à court de raccourcis, toujours aiguisé à l’endroit de « nos » gouvernants. Croisé un jour au quartier d’El Combatta, il me tint un discours mémorable.
« Les marsiens déferlent sur la ville. Les partisans du 19 mars 1962, (…)
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Exils : de Sétif à Paris
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ALGER (11)
25 avril 2011, par La rédaction -
ALGER (10)
22 avril 2011, par La rédactionCette triste mésaventure me permit de comprendre que les discours qu’on nous servait chez nous sont plus de la rhétorique qu’autre chose. Et ne me découragea pas de revenir à la charge de la citadelle Europe. Avec l’un de mes compagnons d’infortune, et sur nos propres deniers, nous prîmes le chemin de la Tunisie de Bourguiba, le pays de Habib le bien nommé. Le pays frère. Sans encombre, nous passâmes quelques jours à Tunis. Somme toute, agréables. C’était l’été. Il faisait beau. Nous étions (…)
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ALGER (9)
20 avril 2011, par La rédactionMa troisième année à l’Ecole se déroula dans les mêmes conditions matérielles et pédagogiques. Certains de nos enseignants étaient franchement de trop, ils venaient pour mettre du beurre sur les épinards. Leurs cours étaient insipides. Il arriva aussi que nous eûmes comme profs quelques membres du gouvernement, les uns étaient fort simples, d’autres plutôt prétentieux. J’eus une prise de bec avec l’un d’eux, je compris plus tard qu’il ne fallait pas remettre en cause leurs dires. Un léger (…)
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ALGER (8)
16 avril 2011, par La rédactionIl est vrai que parmi mes collègues, Salah, Mokhtar, Abdelatif, Kamel, nous avions pu former une équipe à la fois pour assurer un travail des plus réguliers, mais également pour nous seconder. Je nous revois à plusieurs en photos. Notre vie était construite autour d’anecdotes et de mini-débats sur divers thèmes, en l’absence manifeste de lieux de détente. Au contraire, nous fûmes amenés à en créer pour stimuler nos élèves. Ainsi, un petit journal fut créé pour susciter quelques vocations ; (…)
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ALGER (7)
8 avril 2011, par La rédactionLe sort en décida autrement. Ma mère tomba gravement malade, il devint nécessaire de repousser les études universitaires pour plus tard. Le fils du maçon que j’étais pouvait encore attendre pour accéder au pinacle du savoir. La démocratisation de l’enseignement tant vantée révélait ses lacunes ; lors de mon passage devant la commission d’exemption du service militaire, on me le rappela magistralement. Alors que j’expliquais ma situation d’indigence, d’aîné et de soutien de famille avec une (…)
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ALGER (6)
31 mars 2011, par La rédactionCité universitaire de Kouba. Quatre à cinq petits immeubles de trois à quatre étages. De petites piaules. Je fus logé avec un étudiant en médecine, discret et bosseur. Il admirait mes dessins et peintures à la gouache. A vrai dire, peu d’activités culturelles. Une sorte de poulailler. Nous y logions pour y dormir le soir. Le week end, nous préférions descendre à Alger pour nous défouler d’une semaine de train-train. Ile sans alentour rassurant. Tout en haut, l’Ecole normale supérieure (…)
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ALGER (5)
28 mars 2011, par La rédactionDans les cœurs des démunis gisent d’immenses douleurs. Péchés quotidiens…Rendre à cette racaille œil pour œil, dent pour dent. Tendre l’autre joue relève d’un masochisme mystique. Comme je pense que certains fieffés coquins se sont affublés de la robe de magistrats, je ne me gêne pas pour penser mon mépris à leur endroit. Tel orphelin qui se fait arnaquer pour le maigre héritage légué par ses parents. Telle femme obligée de se laisser pratiquer pour accélérer la procédure de son divorce. (…)
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ALGER (4)
24 mars 2011, par La rédactionAu sortir du lycée somme toute sans saveur et à la veille d’affronter la vie universitaire, je n’alignais pas mes certitudes tous les matins pour les admirer. Je vivais avec mes doutes. Pourquoi s’entêter à chercher le bonheur alors que la vie se présente, à chaque aube, avec son cortège de problèmes. Il n’est nul besoin d’être un athlète de la pensée, un esthète de la parole et faire provision d’argumentation pour se convaincre de vivre humblement. La vie ? Une fête entre frères. Etre (…)
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Alger (3)
14 mars 2011, par La rédactionLorsque, par moments, je risquais un œil à l’intérieur du compartiment, j’observais que mes compagnons de voyage dormaient souvent à poings fermés. La plupart d’entre eux appartenaient à une génération habituée à vivre sous la férule des coutumes sans se soucier un tant soit peu du devenir de la société. Je détournais mon attention de tout jugement et me réfugiait dans un livre pour l’occasion. Et de me rappeler cette phrase de Gorki : « Comme si on l’avait écorché, mon cœur devint (…)
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ALGER (2)
10 mars 2011, par La rédactionAdmirer au dehors la nuit paisible et semée d’étoiles ? Ce n’était pas le moment de me montrer romantique. Me plonger dans mes pensées maussades. Les passer au crible une à une. Voir si elles ne sont pas usées. Si l’une d’elles n’a pas besoin d’être cousue. J’allais ainsi au gré de la fantaisie de mes idées qui devenaient alors étranges. J’imaginais l’une d’elles gambadant pleine de félicité dans mon cerveau. Soudain, celle-ci se recroquevillait sur elle-même, se relevait toute joyeuse de se (…)