Accueil > Setif.info (archive 1999-2021) > Reportages > Le lectorat revendique une annexe de la Bibliothèque nationale
Le lectorat revendique une annexe de la Bibliothèque nationale
Le livre reste le parent pauvre de l’acte culturel à Sétif
jeudi 27 juillet 2006, écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune, mis en ligne par
Les cercles de la diffusion du fait culturel n’ont de cesse de rétrécir à Sétif dès lors que le rôle de la librairie et de la bibliothèque devient de nos jours insignifiant. La librairie a fini par concéder sa vocation aux intentions purement commerciales édictées par les exigences du marché tandis que la bibliothèque a rompu définitivement avec la tradition de l’acte de lire.
C’est ainsi que les étals des librairies, malgré leur multiplication, fort remarquée ces dernières années, n’offrent, mis à part la gamme de la papeterie, qu’une infime part de publications relatives au livre religieux libanais, à la cuisine, la santé ou encore à d’autres spécialités inaccessibles au grand public. Un constat, disons-le révélateur du « mépris » de la tranche du lectorat représentée notamment par la population universitaire ou collégienne même si l’on considère que l’acte de lire demeure une tradition civilisationnelle boudée par la population, jadis occupation de prédilection dans des lieux publics.
A Sétif, la bibliothèque devient le parent pauvre des nouvelles générations. Un concept qui ne se familiarise guère avec les réflexes des citoyens, la fermeture de la dernière bibliothèque remontant aux années 1980. Dans le cadre des orientations politiques représentées par la révolution culturelle de l’époque des années 1970, l’acte de lire se confondait indéniablement avec la bibliothèque municipale ou celle de l’ANP mise au service de la population. Ainsi, des rayons complets offerts au public aimant la lecture favorisaient le plaisir de cette activité et multipliaient le besoin de la découverte grâce à la diversité des thèmes et la disponibilité du livre même si la population universitaire n’était pas encore bien établie à Sétif.
C’est ainsi qu’à présent, le besoin pressant d’acquérir le produit se fait de plus en plus ressentir car ni la bibliothèque universitaire, ni celle des lycées ou encore celle de la maison de la culture ne sont en mesure de combler le déficit accru engendré par la disparition de l’établissement du livre par excellence, la bibliothèque. Néanmoins, depuis quelques années, un bouquiniste, conscient des aléas du contexte défavorisé du champ culturel tente d’assumer une mission individualiste mais salutaire proposant le produit rare et, de surcroît en accueillant une bonne tranche de la population universitaire
représentée par des spécialistes en langues. Ainsi, des étudiants rencontrés tout en établissant des liens fort étroits avec la boutique du vieux livre, parviennent à mener à bien l’aboutissement de leurs projets de recherche grâce à une collaboration « complice » du bouquiniste qui oriente, initie, dirige et dispose de l’outil de recherche le plus convoité, le livre. Pour l’heure, le champ culturel de la cité amputé de l’un de ses maillons privilégiés, la bibliothèque, reste tout de même dépendant des nouvelles orientations officielles qui annoncent l’ouverture imminente d’une annexe de la Bibliothèque nationale d’Alger.
A. B.
Abdelhalim Benyelles, La Tribune