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Enfumades des grottes de la Dahra et autres « emmurades »
Pour que nul n’oublie
vendredi 18 février 2011, par
En ce 18 février consacré journée nationale du Chahid ,nous ne pouvons que nous incliner devant la mémoire de tous ceux qui sont morts pour l’Algérie durant tout le règne de l’occupation et la colonisation française de 1830 à 1962.
C’est avec une grande émotion que nous rappelons pour nos lecteurs certains faits et atrocités commises par ces « civilisateurs » venus d’ailleurs ,que la conscience humaine reprouve et l’histoire condamne.
Alors que les médias ont orienté ces temps derniers leurs projecteurs sur les expérimentations, les essais et les explosions nucléaires en territoire algérien qui ,à ce jour continuent de produire leurs méfaits et de frapper de leurs atrocités certaines populations de Reggan à Amesmassa dans le Sahara, voici encore d’autres abominations qui mériteraient d’être bien connues aussi.
Nul besoin d’aller dans le détails pour décrire ces autres atrocités largement évoquées et décrites par les historiens .Cette simple évocation est de nature à informer surtout nos jeunes pour que nul n’oublie.
Ce qu’il faut souligner, c’est que les méthodes décrites ont été élaborées et élevées aux rangs de pratiques normales par ceux qui se disaient venir ici pour une mission civilisatrice
Il s’agissait en fait d’une première pratique connue dans une guerre non conventionnelle conduite dans des opérations par les soldats du corps expéditionnaire d’une armée régulière en territoire algérien.
Les enfumades et « emmurades » ,c’était les procédés qui consistaient à asphyxier l’adversaire replié dans des grottes ou des cavernes.
Voici trois cas célèbres qui retournent les consciences mais qui restent impunies à ce jour sachant bien que ces pratiques ont continué bien après, durant la guerre de libération nationale où d’autres méthodes plus singulières encore furent développées, expérimentées et exécutées par l’armée française
Enfumades des Sbéhas (11 juin 1844)
Le premier sanguinaire à avoir mis en œuvre ce procédé fut le tristement célèbre général Cavaignac qui commandait les troupes le 11 juin 1844 contre les Sbehas.
Voici ce que rapport dans ses mémoires Canrobert, devenu maréchal de France. .Il fut promu au grade de lieutenant colonel une année après cette première enfumade.
Il déclara après le 11 juin 1844.
« J’étais avec mon bataillon dans une colonne commandée par Cavaignac. Les Sbéhas venaient d’assassiner des colons et des caïds nommés par les Français ; nous allions les châtier. Après deux jours de course folle à leur poursuite, nous arrivons devant une énorme falaise à pic [...] Dans la falaise est une excavation profonde formant grotte. Les Arabes y sont, et, cachés derrière les rochers de l’entrée, ils tiraillent contre nous. [...] À ce moment, comme nous nous sommes fort rapprochés, nous commençons à parlementer. On promet la vie sauve aux Arabes s’ils sortent. La conversation fait cesser les coups de fusil. [...]On pétarda l’entrée de la grotte et on y accumula des fagots, des broussailles. Le soir, le feu fut allumé. Le lendemain, quelques Sbéahs se présentaient à l’entrée de la grotte demandant l’aman à nos postes avancés. Leurs compagnons, les femmes et les enfants étaient morts. ; Le soir les troupes rentraient à Orléansville. Telle fut la première affaire des grottes. »
Plus de 500 morts on été comptabilisé dans cette première action
Enfumades du Dahra (18 juin 1845).
Le colonel Pélissier n’hésite pas à asphyxier Le 18 juin 1845, plus de 1 000 personnes, hommes, femmes et enfants, des Ouled Riah, qui s’étaient réfugiées dans la grotte de Ghar-el-Frechih dans le Dahra (triangle Ténès, Cherchell, Miliana).
Un soldat écrit :
« Les grottes sont immenses ; on a compté 760 cadavres ; une soixantaine d’individus seulement sont sortis, aux trois quart morts ; quarante n’ont pu survivre ; dix sont à l’ambulance, dangereusement malades ; les dix derniers, qui peuvent se traîner encore, ont été mis en liberté pour retourner dans leurs tribus ; ils n’ont plus qu’à pleurer sur des ruines »
Après ce massacre, Pélissier déclara sans aucun état d’âme :
« La peau d’un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. »
« Emmurades » des Sbéhas (Ouled Sbih) de Aïn-Meran (du 8 au 12 août 1845)
Un autre bourreau des algériens, tristement connu, Saint-Arnaud, alla plus loin que Cavaignac et Pélissier. Le 8 août 1845 il découvre que 500 Algériens s’étaient réfugies dans une grotte entre Ténès et Mostaganem (Aïn-Meran. Ces derniers refusent de se rendre. Saint-Arnaud ordonna à ses soldats de les emmurer vivants.
Il déclara :
« Le 12, je fais hermétiquement boucher les issues, et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n’est descendu dans les cavernes, personne... que moi ne sait qu’il y a là-dessous cinq cents brigands qui n’égorgeront plus les Français. »
Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal, simplement, sans poésie terrible ni images. Il ajoute :
« Ma conscience ne me reproche rien. J’ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai, mais j’ai pris l’Afrique en dégoût »
Voici un peu de ceux qui prétendaient qu’ils avaient pour rôle de mener une action civilisatrice salvatrice tant en Algérie que dans d’autres pays d’Afrique colonisés.
A Nedjar Sétif info