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Ces chibanis qu’on maltraite à longueur de l’année

mardi 23 octobre 2012, par A. Nedjar


Quoi de plus pénible et de mortifiant pour les personnes âgées que de les maintenir debout, des heures durant, sans sièges, sans appuis, sans boissons et sans toilettes ? C’est pourtant le supplice qu’endurent à longueur d’année beaucoup de nos vieux aux portes d’une grande banque nationale. A l’intérieur, on est insensible à leurs plaintes .Le cynisme des dirigeants de cette institution n’a d’égal que le degré des douleurs qui leurs font subir. Dignes, ces vieux veulent comprimer leurs maux ,mais ils sont trahis par leurs mines défaites, leurs yeux hagards, leurs visages pales et burinés, l’échine courbée par le poids des années qu’accentue la fatigue et qui ne savent plus à qui se vouer pour leur éviter toutes ces humiliations.

Ce sont des dizaines de retraités de différentes générations de travailleurs émigrés à former ainsi des queues interminables à longueur de l’année pour venir toucher leurs pensions aux guichets de cette banque . Beaucoup sont ici depuis 6 heure du matin, 5 h pour certains. Ils sont la à braver en toutes saisons les variations climatiques .Ils subissent à même le trottoir, le vent, le froid, la chaleur, la neige ou la pluie. Ils attendent que ces messieurs daignent les admettre à l’intérieur de leur grande salle pour leur remettre LEUR ARGENT.

Ce matin, plus que d’habitude, la chaine se profile encore plus loin. C’est l’approche de l’Aïd, ces Chibanis sont tous tourmentés .Ils sont ici depuis des jours , jurent-il, à attendre un hypothétique signal. « Habituellement, on nous libère notre argent viré de l’étranger à partir du 18 de chaque mois. Il est 13h 30 et nous sommes le 23 du mois, personne parmi nous n’a encore déjeuné. Les prises de médicament pour les malades sont ignorées et rien n’apparait encore, pas même une assurance » disent-ils en chœur.

« Pourtant ,cette pension, c’est le fruit de notre de notre seul labeur, gagné pour certains au fond des mines de charbon, à la chaleur dévorante des fours des aciéries ou dans l’accomplissement de rudes travaux du bâtiment et des travaux publics .C’est notre seule ressource .Nous n’avons que ça pour faire face à nos dépenses et à nos engagements ». disent –ils. « Pourquoi faut-il encore peiner des jours pour retirer notre argent ? » S’excite un autre vieux excédé à la vue de notre appareil numérique, pour exprimer tout son dépit.

Plus alerte, un autre lança à qui voulait l’entendre. « J’ai travaillé 27 ans dans une mine de charbon dans le Nord de la France. C’était plus facile pour moi de m’engouffrer par la taille de cette mine pour aller plus loin dans ses profondeurs ou le danger nous guettait tous les jours ;que de pénétrer par la porte de cette banque »

Oui,en temps normal, ces Chibanis, en âges très avancés pour la majorité, mériteraient plus de respects et plus d’égards avec l’aménagement d’horaires et des rendez vous appropriés et adaptés .Mais ici, ces « patrons » de banques publiques se cloitrent dans leurs bureaux feutrés pour ne rien entendre , ne rien voir et surtout ne rien savoir.

Vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=0G_2w-CIfho

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