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Familles expulsées en plein hiver.

La rue devient leur seul refuge par moins de zéro degrès la nuit

mercredi 8 décembre 2010, , article écrit par A Nedjar et publié par La rédaction


Le spectacle affligeant auquel avons nous été confrontés cet après midi au cœur de la ville de Sétif, dans la Rue Meriem Bouatoura, face au lycée Md Kérouani, à cent pas à peine du siège de la Wilaya , a de quoi nous révulser, nous indigner ,voire de nous révolter contre le sort qui s’est jeté sur deux paisibles familles Sétifiennes dont la vie se transforme subitement en enfer .En tout cas ,l’horreur est à son comble auprès de nombreux citoyens de passage qui constataient tristement ce spectacle dans cette ville martyre et mère des révolutions.

Sommes-nous en présence de l’une de ces occupations illégales de l’espace public que constituent les trottoirs ? Est ce que c’est encore une de ces foires aux puces qui s’y est implantée temporairement ? Non, c’est le maigre « patrimoine » mobilier des familles Aouina expulsées par voie de justice et contraintes de vider les pièces faisant office de domiciles qu’elles occupaient depuis plus de 40 ans dans l’une de ces « harrat », nombreuses à Sétif .

L’huissier de justice, assisté de la force publique, était là pour exécuter une décision de justice rendue par le tribunal après l’épuisement de toutes les voies de recours que confère le droit nous a ton affirmé.

Ces deux familles sont composées pour l’essentiel de quatre adultes et sept enfants de très bas âges. Ces derniers ne comprennent pas bien ce qu’il leur arrive pour être contraint de quitter le toit des abris qui les avaient vu naitre pour dormir ce soir à la belle étoile par ces nuits très fraiches où le mercure est descendu à moins zéro degrés ces derniers jours.

Pourquoi ce sort s’est-il subitement acharné sur ces mioches aux yeux hagards, maigrichons, qui ne donnent pas non plus l’impression qu’ils étaient déjà heureux dans leur quotidien ?C’est la misère qui s’ajoute à la misère où, le comble de l’ironie fait que ces enfants ne sont en rien responsables des activités des adultes ,de la société ou de celles de leurs parents vivant de leurs faibles revenus.

Nous ne préjugeons pas de la justesse ou de la validité des décisions de justice arrêtées et rendues au nom du peuple ,bien que le ministre en charge du département nous ait donné un moment l’impression qu’il ne les considérait que sous leurs aspects purement statistiques .Ne déclarait-il pas tout récemment du haut d’une tribune que notre pays était arrivé à un niveau appréciable en terme d’exécutions de décisions de justice qui le place aujourd’hui en tête du peloton des pays méditerranéens ?
Nous savons qu’il s’effectue d’énormes progrès dans la reforme judiciaire .La reforme pénitentiaire quand à elle peine.Elle reste au cœur du débat quoique le programme de réinsertion est contestable .Cependant , qu’en est il pour ce qui concerne le droit du logement, le droit au maintien temporaire dans les lieux ,pour ne pas parler de la mise en œuvre du dispositif universel connu ,qui consiste à stopper ou tout au moins à suspendre toutes les expulsions des familles et de leurs logements durant la période hivernale ?

Ces décisions d’expulsions exécutées Manu militari le plus souvent génèrent des conséquences dramatiques dans la vie et dans l’harmonie des familles.
Les peines et les souffrances les marqueront à jamais . Les enfants traumatisés seront eux aussi marqués par des séquelles et les signes de déséquilibres lorsqu’ils ne perçoivent plus ces agressions comme étant de véritables atteintes à leurs personnalités si fragiles !

Il appartient à notre sens aux pouvoirs publics mais surtout à l’administration que représente le chef de l’exécutif de la wilaya de surseoir temporairement à ces décisions en concertation avec l’appareil judiciaire et de veiller à stopper ces dérives et ces pratiques d’un autre age.

La bonne gouvernance voudrait également que la communauté puisse disposer de relais, de centres ou de lieux de transits pour éviter parfois ces mêmes drames dont pourrait être victime n’importe quel autre justiciable confronté à la même situation..

La multiplication de ces actes a de quoi nous interroger s’il existe une exception en Algérie. Dans un tel cas, où se situe la morale et quels seraient les droits de la famille mais surtout ceux des enfants ?


A Nedjar

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