Alger. Enfin Alger la blanche. Je foule le sol de la capitale après maintes années de vie provinciale. Ville devenue mythique pour nous. Et après quelques heures interminables de train cahotant. En quelques foulées, je sors de la gare les jambes ankylosées pour prendre les escaliers qui mènent vers le centre de la ville. Arrivé tôt le matin, j’ai devant moi la belle devenue un mystère pour nous, habitants de l’intérieur. Les gens se pressent pour se diriger vers la sortie. Tohu-bohu matinal (…)
Accueil > Setif.info (1999-2021) > Culture > Exils : de Sétif à Paris
Exils : de Sétif à Paris
-
Alger (1)
6 mars 2011, par La rédaction -
SETIF (38)
1er mars 2011, par La rédactionInterdit de sortir. Déjà l’hôpital représentait pour elle une incarcération. Une restriction importante à sa liberté de femme. La liberté, elle ne l’entrevoyait que dans son imagination. L’assimilant à mon père, pendant leurs jours heureux. Chose étrange à son esprit, elle passait par le même chemin abrupt que celui traversé par mon père. Chose plus étrange encore, la majorité des malades à l’hôpital appartenait à la classe des guellalines. Elle pensait que la société les acculait à (…)
-
SETIF (37)
25 février 2011, par La rédactionSeule. Elle était seule pour affronter la maladie. Seule dans sa douleur. Seule ma sœur Zahia et moi-même lui rendions visite dans le trou où on l’avait acculée. Ce « on » visait dans son esprit la société, cette pondeuse de coutumes rétrogrades. Et dont les pauvres gens se retrouvaient malgré eux les gardiens. Son expérience de femme humiliée lui appris bien des choses. Au début de sa vie de citadine, elle se voulait rayonnante et dynamique dans les pratiques quotidiennes de son ménage. (…)
-
SETIF (36)
22 février 2011, par La rédactionJe revois encore ma mère, allongée sur un lit à moitié défait. Le visage exsangue. Elle regardait l’invisible pour le sonder. Y lire un avenir insondable. Incertain. Les yeux exorbités ajoutaient à l’immensité des cavités qui lui servaient désormais de regard. Ses lèvres accentuaient son air déjà squelettique. Autour d’elle, des compagnes d’infortune. Les unes gesticulaient, d’autres pleuraient au terme d’un sommeil agité. Le trépas dressait les lauriers de sa victoire sur ces moribondes. La (…)
-
SETIF (35)
12 février 2011, par La rédactionMa mère était douce. Miel dans un pré où butinaient les abeilles et où folâtraient les papillons. Au début, elle était l’incarnation de la pudeur. Elle regardait les passants à la dérobée, en se tenant derrière les rideaux. A l’écart du manichéisme ambiant, régnant en maître dans la rue et dans les têtes. Structures mentales sclérosées. Elle fut au bout de ses forces lorsque, tour à tour, mon père et mon frère tombèrent gravement malades. Elle commença à sortir après leur mort. De plus en (…)
-
SETIF (34)
8 février 2011, par La rédactionPour eux, l’essentiel résidait dans l’institutionnel. Mettre en place toutes sortes de structures qui ne manquaient pas de se muer en dédales bureaucratiques. Ayant pour la plupart d’entre-eux crapahuté dans les djebels ou vécu du côté des frontières, ils pensaient sans doute que nous devions vivre ainsi. Du sadisme à l’état pur. Parce qu’ils n’ont pu profiter de leur jeunesse, ils nous privaient de la notre. Mais pas celle de leur progéniture qui avait accès à tout. Surtout aux voyages. A (…)
-
SETIF (33)
3 février 2011, par La rédactionPendant ce temps là, nous subissions la médiocrité de nos enseignants dont certains n’avaient visiblement cure de notre instruction, encore davantage de notre éducation ; rares parmi eux qui ont su éveiller notre intérêt pour les études. Il me souvient de certains d’entre eux qui s’attablaient littéralement sur le bureau et dictait la leçon du jour, sans autre forme de support efficace. Quasiment tous excellaient en revanche quant aux interrogations écrites. Le système des examens (…)
-
SETIF (32)
29 janvier 2011, par La rédactionLes internes se mettaient devant les fenêtres grillagées pour suivre les filles dont certaines devaient passer par notre lycée pour pouvoir rentrer chez elles. Avec force gesticulations, certains exprimaient notre frustration d’alors. Rougissantes, elles passaient leur chemin. Et que pouvaient-elles faire ? Prises entre notre éducation moralisante et notre instruction nous prédisposant à peu d’épanchements, elles ne pouvaient transgresser les tabous érigés sur notre chemin sous peine de se (…)
-
SETIF (31)
26 janvier 2011, par La rédactionL’un de nos copains étant parti à la plage la plus proche, Souk El Thénine, avec ses frères et amis de quartier, il nous fit signe à moi et à un autre de nos amis pour que nous puissions les y rejoindre ; il a fallu développer des trésors de diplomatie pour que ma mère acceptât. Pour deux ou trois jours seulement. Hébergé dans une tente. Et manger soit un repas froid, soit à la gamelle préparé par l’un de nos hôtes. L’ambiance du groupe aidait à faire fi de ces contingences. Inutile de dire (…)
-
SETIF (30)
21 janvier 2011, par La rédactionIl se releva en sueur. S’habilla. Sortit de sa poche quelques billets et les lui remit ; il sortit après qu’elle lui eût effleuré la joue et murmuré un « Au revoir mon chéri ». Dans la cour de la maison, la musique émanant des pièces environnantes formait un chœur discordant… Dehors régnait plus que jamais le froid. Un vent brusque lui fustigea le visage. Il se réveilla de la léthargie où il semblait gésir. Il se surprit à penser : « Qui a dit que vingt ans est la fleur de l’âge ? »… (…)